lundi 2 mai 2011

Le Machu Picchu



Début septembre 2008 :

Nous y voila, le Machu Picchu... Pour sûr que vous attendez ça en trépignant depuis des semaines, pas vrai, bande de chenapans ?
Donc mercredi 10 septembre 2008, à 6h50, je prends le train à la gare San Pedro de Cuzco, juste à côté de mon hôtel. Apparemment, je ne suis pas le seul à avoir eu l'idée de partir à Aguas Calientes ce jour là : le train est plein à craquer de touristes, avec un très fort contingent de Japonais : konitchi-ouah...
Je roupille un peu, mais le confort laisse à désirer, donc je bouquine et j'écoute de la musique. Nous arrivons finalement à Aguas Calientes peu avant 11 heures.
Je file à mon hôtel, je pose mes affaires, et je pars casser la croute à l'Indio Feliz, un restaurant tenu par Patrick, un Français bien de chez nous. Le resto est (très chaudement) recommandé par le Guide du Routard. Je confirme : je me régale avec un succulent poulet à la mangue. C'est de la haute cuisine à prix discount (en gros 10 euros le menu). A ce prix là, il ne faut pas se priver, d'autant qu'Aguas Calientes, petit bled du bout du monde, a la triste réputation d'être la capitale mondiale des intoxications alimentaires en raison des aliments faisandés qui sont allègrement servis dans les 1000 et un "restaurants" de la ville. Dans ce sympathique village aux couleurs chamarrées, il semblerait que les restaurateurs se soient approprié le célèbre dicton de Guy Roux : "faut pas gâcher". Du coup, il n'est pas rare de voir sur les tables des pizzas "2 ans d'âge" ou des hamburguesas boucanés qui fleurent bon le relent de caveau.

Après avoir ingéré mon copieux repas, je dois lutter comme un damné pour ne pas succomber à la sensation de claquer une grosse sieste à mon hôtel. Surtout, ne pas se poser car sinon je n'aurai pas le temps de faire l'expédition que je me suis fixée pour l'après-midi : l'ascension de la montagne sacrée Putucusi, située juste en face du Machu Picchu. Il paraît que la vue est imprenable de là-haut.
Ayant réussi à résister aux sirènes de la sieste, je me mets en route, non sans être passé à l'office de tourisme pour me renseigner sur l'itinéraire à suivre. D'après la jeune fille du guichet, c'est 2 heures aller, 2 heures retour. Il va sans dire que je ne compte pas cueillir de paquerettes en route. Je me fixe donc un objectif de une heure aller, une heure retour.
Au tout début de l'ascension, je retrouve deux américains qui sont au même hôtel que moi : Zack et... Max. Ils partent sur un rythme d'enfer. Parfait : j'avais besoin d'un peu de sport pour écluser toute la bière que j'avais sauvagement ingéré les jours précédents.
Après quelques centaines de mètres, il s'avère que ce n'est pas exactement une promenade de santé. Ça monte plutôt sec :


Mais on ne se laisse pas effrayer par quelques échelles (dont la plus grande doit faire dans les 30-40 mètres...) et on poursuit notre chemin vers le sommet. Vers la moitié du parcours, on profite du panorama sur Aguas Calientes, le temps de prendre une ou deux photos (floues) du village :



Et puis, on continue, sans relâche, sur le même rythme.
Enfin, une heure après notre départ, nous atteignons le sommet. De l'autre côté de la vallée, le Machu Picchu se révèle à nous dans toute sa splendeur :






C'est beau à se rouler par terre. On reste là-haut un bon bout de temps pour admirer le panorama.


Et puis, on redescend au pas de course. Descente bouclée en 37 minutes chrono. Honorable...
Le soir, je retourne manger à l'Indio Feliz. Je me délecte de leurs tagliatelles aux champignons et au pesto. Puis, je rentre à l'hôtel. Une bonne douche... froide (paradoxalement, à Aguas Calientes, ils ne connaissent pas trop l'eau chaude...). Puis, coucher avec les poules (21h), car le lendemain on attaque tôt. La preuve en images :





Direction, la station de bus. Je comptais initialement monter au Machu Picchu à pied mais finalement j'ai changé mes plans : je prends le bus pour garder des forces pour la journée. Pour la petite histoire, je regretterai ce changement de programe par la suite, car je louperai l'arrivée des premières lueurs du jour sur le site :(
Le premier bus est prévu à 5h30. J'arrive au terminal de bus à 5h05. Surprise : il y a déjà bien 150 personnes qui attendent. C'est vraiment l'usine à touristes ce truc...
Les bus finissent par partir, à la queue leu-leu.
20 minutes plus tard, nous sommes sur le site. Ça grouille de monde. Ça brise un peu le charme du lieu, mais bon, on va pas chipoter.
Je sais que je ne dois pas traîner : il faut que je rallie le plus vite possible l'entrée du Huayna Picchu, la montagne sacrée qui surplombe le site du Machu Picchu :



L'accès au Huayna Picchu est règlementé : pas plus de 400 personnes par jour. 200 à 7 heures et 200 à 10 heures, nada más. Les premiers sur place sont les premiers servis. Je compte bien être dans le groupe de 7 heures, mais à l'entrée du Machu Picchu, je perds un temps précieux car mon sac à dos est jugé trop gros par un des vigiles : je dois le laisser à la consigne... Du coup, tout un troupeau me passe devant. Je commence à me dire que ça risque d'être tendu pour intégrer le groupe de 7 heures. Mes craintes se trouvent confirmées lorsque j'arrive au poste d'entrée du Huayna Picchu : c'est blindé de monde. Mais bon, d'après un comptage rapide, ça devrait passer. Bingo : quand arrive mon tour, j'écope du Numéro 130. Je ferai donc bien partie du premier groupe à gravir le Huayna Picchu.
Après 1h30 d'attente, je suis enfin autorisé à commencer l'ascension du bousin. C'est plutôt escarpé :




Ça grimpe dur mais beaucoup moins que Putucusi. Sur le chemin, je recroise Jérôme, le lillois que j'avais rencontré à Cuzco et qui partait pour un trek solo de cinq jours. Apparemment tout s'est bien passé pour lui, il a survécu... Finalement, Je termine mon ascension en 30 minutes, en prenant mon temps. Là haut, la vue vaut le détour :




Chtite photo-souvenir, histoire de dire "I was there" :


Au sommet, je retrouve Max et Zack, mes deux compagnons d'ascension de Putucusi. Ils me disent qu'ils comptent descendre l'autre face du Huayna Picchu pour aller voir le Temple de la Lune et "Gran Caverna". Ni une ni deux, je descends avec eux. On passe de 2720 mètres à 2266 mètres. La balade vaut le détour. On se croirait dans Indiana Jones :





Après avoir exploré Gran Caverna et le Temple de la Lune, on poursuit notre chemin. Le but du jeu est de faire le tour du Huayna Picchu pour rejoindre la jonction avec le chemin "normal" qui monte au sommet. A côté de nous, il y a un à-pic de plus de 500 mètres. Inutile de dire qu'il ne vaut mieux pas avoir le vertige :





On se rapproche de l'entrée du Huayna Picchu. Sur le chemin, le service de secours embarque un type mal en point sur une civière. Probablement encore un pauvre bougre qui a mangé du fennec avarié dans un boui-boui d'Aguas Calientes...
Avant de sortir, je monte avec Zack au Huchuy Picchu, le petit pic qu'on peut voir à gauche de cette photo :


La montée n'est pas bien longue, cinq minutes tout au plus, mais ça grimpe encore plus raide que le Huayna Picchu. Petite photo au sommet :


On redescend et on quitte le secteur du Huayna Picchu. Voila trois heures que je n'ai pas bu la moindre gorgée d'eau. Je commence à avoir un tantinet soif, mais comme je n'aurai pas tous les jours l'occasion d'arpenter l'une des sept nouvelles merveilles du monde, je reste sur place pour explorer le site. C'est quand même pas mal :





Au sommet de l'Intihuatana, l'une des tours qui surplombe le site, je tombe sur une curiosité : une pierre dont le profil reproduit fidèlement la forme des montagnes alentour. Y a pas à dire, ils étaient balèzes, ces Incas :




Un peu plus loin, je tombe nez-à-pistille avec une chouette orchidée :


Je me promène sur place et je prends encore quelques clichés, que voici, que voila :





12h30. Je meurs de soif et je crève la dalle. A regret, je quitte le Machu Picchu. Je récupère mon sac et je descends un litre d'eau cul sec. Maintenant, il faut redescendre à Aguas Calientes. Je suis un brin fatigué et la tentation de prendre le bus est grande, mais une bonne centaine de gogos font la queue, et puis c'est dommage payer 7 dollars juste pour une descente... Allez, un peu de courage. Je décide de descendre par les marches, en mode accéléré, quatre à quatre. Résultat des courses : 15 minutes et 10 secondes entre la première marche et le pont (les connaisseurs apprécieront).

Me voici de retour à Aguas Calientes. Je meurs de faim. Je ne résiste pas à la tentation d'aller manger une troisième et dernière fois à l'Indio Feliz où je recroise une nouvelle fois Jérome (décidément !). Il sera à Buenos Aires en décembre : on se croisera encore probablement là-bas.
Je savoure un délicieux poulet à l'ananas avant de terminer par une part de tarte à l'orange (oui, je sais : il y a du laisser-aller sur la diète : ce sera l'objet d'un prochain post expiatoire).

Il me reste deux heures à tuer avant de prendre mon train pour Cuzco. Je me pose dans un cybercafé. A côté de moi, une américaine est affalée sur son clavier et ne donne pas signe de vie. La pauvre bougresse est livide. Le gérant du cybercafé demande ce qui se passe. Le copain de la fille lui répond, dans un espagnol plus qu'approximatif, qu'elle fait une intoxication alimentaire.
Juste une victime de plus à mettre sur le compte du graillon purulent d'Aguas Calientes...

A bientôt pour la prochaine étape du voyage : Arequipa.

7 commentaires:

Martin LEBRUN a dit…

Puté, ça al'air de valoir le détour quand même...
C'est sublime...

Unknown a dit…

Pour sûr que ça te plairait et que ça te donnerait des idées pour de futurs dessins. Allez, t'as plus qu'à prendre ton billet mec ! ho oui... ho non ?

Anonyme a dit…

Jpet Gibson dans apocalypto

http://image.mcomet.com/iw/2006/0472043/2007_10_26_00_47_20_50000_0_2.jpg

Cool de voir que ca se passe bien.
Nous, on en prend plein les yeux (et Renete plein le fion)

Unknown a dit…

Wesh ma gueule çà le fait

par contre trop de touristes un peu qd même nan ?
on attend des ricains ch'win'gommer derrière :s

en tt cas t'as bien l'air fatigué je trouve... l'altitude ? le rythme de vie ?

Keep your mind clear... huhuhuhu
honhonhon

Unknown a dit…

Ouais geingein, c'était vraiment infesté de touristes mais bon y a pas de miracle avec ce genre de site... sinon pour la fatigue, finement vu, je traîne un sale truc depuis 3 semaines dont j'arrive pas à me débarrasser, mais bon rien de bien méchant.
Ajoutez à cela l'altitude, l'humidité, le bruit et l'odeur, et le touriste français au Pérou il devient fou ! D'où ma mine de déterré... A priori vu le climat beaucoup plus sec d'Arequipa (et l'altitude moindre) j'ai bon espoir de récupérer un semblant de forme d'ici peu.
++

Anonyme a dit…

Bien ça Jpetor! Continue de bien profiter de ton trip. Une bonne gorgée au robinet et tu feras partie des tribus Chimus.

Au fait, le Quinze a déposé le bilan. Depuis ton départ, ils ont perdu 75% des recettes.

Besos
Marco
ps : pourquoi renete en prend plein la rondelle??? :)

Unknown a dit…

"Une bonne gorgée au robinet et tu feras partie des tribus Chimus"


Bravo l'animal pour cette boutade hi-level digne d'Alain Juppé -le meilleur d'entre nous- que j'ai mis un peu de temps à comprendre, la faute à un cerveau qui ne travaille plus guère depuis que j'ai mis les voiles.
J'ai déjà fait partie de la tribu des Chimus en RepDom, donc je passe mon tour cette fois...
Bon, n'oublie pas que si tu veux du lourd, tu peux d'ores et déjà prendre ton billet pour Buenos Aires en décembre : si tu te pointes, tu verras qu'on est pas là pour acheter du terrain...
Cheers